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Actes citoyens au service de l’environnement : Entretien avec Marjorie Darricarrere-Perrier


Alors que la Semaine Européenne de la Réduction des Déchets touche à sa fin, nous avons tenu à mettre en avant l’une de nos concitoyennes, Marjorie Darricarrere-Perrier, membre active de plusieurs groupes dédiés aux ramassages éco-citoyens sur diverses communes dont celle de Parempuyre. A l’heure où la planète tire la sonnette d’alarme, il est de ces initiatives qui deviennent viscérales. Un entretien vérité.

 
Photo Marjorie Darricarrere-Perrier

Gazette de Parempuyre (GP) – Bonjour Marjorie, merci de bien vouloir m’accorder un peu de ton temps. Peux-tu te présenter à nos lecteurs ?

Marjorie Darricarrere-Perrier (MDP) – Avec plaisir ! Je m’appelle Marjorie Darricarrere-Perrier, j’ai 46 ans, je suis mariée et maman de 2 enfants. Je suis originaire de la région (Mérignac) et je vis à Parempuyre depuis 2008. Je suis aussi membre d’associations de parents d’élèves et donc très impliquée dans la vie scolaire. Côté professionnel, je travaille chez Saft, une entreprise qui fabrique des batteries industrielles. D’abord dans le service export, j’exerce à présent au sein du service financier.


GP – D’où t’es venue l’envie de t’impliquer autant dans la vie locale et particulièrement dans le nettoyage de la commune ? Était-ce déjà ancré dans ta famille ?

MDP – Mes parents étaient eux-mêmes déjà très impliqués dans la vie locale de leur commune à l’époque. Par contre, comme beaucoup de familles de la génération d’avant, le concept de l’écologie n’était pas aussi développé qu’aujourd’hui. Me concernant c’est venu bien plus tard, j’ai peu à peu pris conscience de la nécessité de faire quelque chose pour aider notre planète à mon échelle.

Depuis notre installation à Parempuyre, nous avons vu la population s’accroitre mais surtout la propreté se dégrader ! Ça a commencé dans ma rue, juste devant chez moi où je trouvais des déchets régulièrement. Et puis lorsque j’allais courir ou lors de nos promenades en famille, je voyais des déchets joncher les rues, envahir les espaces verts […] Et enfin lorsque j’accompagnais mes enfants à leurs activités sportives à la Plaine des Sports, là je me suis rendue à l’évidence qu’il fallait faire quelque chose. Il m’arrive d’ailleurs de faire un petit tour du stade en les attendant et de collecter les déchets que je trouve. Beaucoup diront – et m’ont déjà dit – que ce n’est pas mon travail et je suis d’accord ! Mais j’ai aussi envie de dire ‘et si personne ne fait rien, que se passera-t-il ?’


GP – Est-ce quelque chose que tu souhaites transmettre à tes enfants ?

Photo Marjorie Darricarrere-Perrier

MDP – Absolument ! Et je pense qu’ils commencent à prendre conscience de l’ampleur des choses et qu’il faut agir pour préserver notre planète. Les actions que nous faisons – et auxquelles ils se joignent volontiers – ont pour but de leur montrer le chemin.

Nous allons régulièrement nous promener tous ensemble, et ils ont maintenant ce réflexe de prendre des gants et un sac poubelle en partant. Nous essayons de rendre tout cela le plus ludique possible. Et puis à la maison nous leur montrons régulièrement des reportages qui parlent de l’environnement afin qu’ils réalisent tout ce qu’il se passe actuellement dans le monde.

Je pense que les parents ont un grand rôle à jouer dans tout cela, c’est à eux de montrer l’exemple et d’expliquer les choses à leur(s) enfant(s). Je ne voudrais pas que les miens me reprochent plus tard de ne rien avoir dit ou fait. Il est question de leur avenir ! Si personne ne fait rien et si nous continuons à nous dire ‘ce n’est pas à moi de’ ou ‘ça ne sert à rien’ alors nous courons à la catastrophe ! Est-ce vraiment ce monde que nous voulons leur laisser ?


GP – Est-ce que ton mari te suit dans toutes ces actions ?

MDP – Oui ! Mon mari a créé il y a quelques années la société Dynamo, une structure dédiée à l’apprentissage de la natation et à la remise en forme. En tant que maître-nageur, il se sent très concerné par la question environnementale, la pollution des océans, la protection des écosystèmes, etc. Nous menons ce combat ensemble.


GP – Toi qui es justement très impliquée sur le plan scolaire, quelle constatation fais-tu des actions menées dans les écoles ?

Photo Marjorie Darricarrere-Perrier

MDP – J’ai l’impression que les établissements scolaires ont à cœur d’éveiller les consciences. Ce n’est que le début mais c’est encourageant !

Lorsque je prenais part à l’organisation des kermesses de l’école avec les autres parents, nous prenions toujours des Ecocup pour remplacer les verres en plastique et surtout, nous mettions plus de poubelles à disposition pour éviter de retrouver trop de déchets par terre !

Aussi, l’école a aussi organisé la visite d’un site bordelais de l’entreprise de recyclage Elise afin de leur montrer l’envers du décor.

Je trouve que c’est une excellente idée !

Mon fils est entré au collège en septembre dernier, on va voir ce qu’il en est. Malheureusement j’ai déjà pu constater que les alentours du collège n’étaient pas très propres. Les adolescents génèrent beaucoup de déchets et sachant qui n'y a aucune poubelle à la sortie du collège, tout se retrouve par terre (malgré la présence d'une poubelle dans l'enceinte du collège)

Sans compter que les poubelles situées à l’arrêt de bus ainsi que celle du chemin menant au centre d'accueil périscolaire sont souvent pleines. Il y avait d’ailleurs un renfoncement dans le mur devant le collège qui a été fermé afin qu'il ne serve pas de dépotoir ! C’est une très bonne chose mais ce n’est pas suffisant. C’est pour cela que je disais que c’est aussi aux parents d’ouvrir le débat à la maison.

A la suite du cross organisé par le collège en octobre dernier, j’ai été agréablement surprise car les organisateurs ont demandé aux élèves de ramasser les déchets et autres masques à la fin de l'épreuve. Il faut sensibiliser les élèves de cette façon. [ndlr - le 26 novembre dernier, les écoles parempuyriennes ont effectué un ramassage de déchets]


GP – Qu’en est-il de l’entreprise pour laquelle tu travailles, a-t-elle recours à des procédés de tri des déchets ?

MDP – Oui, du fait de son activité mon entreprise se doit d’être au fait du sujet. En activité depuis 70 ans, elle doit constamment s’adapter aux nouvelles normes, tout est très réglementé. Nos déchets sont classés et répartis dans différents circuits de recyclage. Les batteries usagées sont envoyées à une entreprise locale en capacité de les recycler ou les valoriser (que nous recommandons également à nos clients). Quant aux déchets dits DIB (Déchets Industriels Banals) incluant le papier, le carton […], ils sont collectés et recyclés à 95%.

Nous venons aussi de créer une section dédiée à l’environnement qui s’appelle Suppor’Terre, dans le but de mener des actions pour l’environnement au sein de l’entreprise (recyclage, tri et valorisation des déchets, mise en lumière d'actions menées par nos salariés, etc.)

Au printemps prochain, nous allons organiser une session de ramassage des déchets autour de nos bureaux car malheureusement, c’est une zone très sale et je trouve que cela donne une mauvaise image aux clients qui viennent nous rendre visite. Elle sera organisée sur la pause de midi afin que le maximum de personnes puisse participer.

Nous avons également créé une newsletter interne et qui nous sert à informer l’ensemble des presque 800 salariés du site. Nous avons la chance d’avoir une responsable environnement au sein de l’entreprise que nous avons justement interviewé concernant tous ces projets.

Et enfin en parallèle de la pandémie actuelle, nous avons mis en place une collecte pour les masques usagés. Pour cela nous faisons appel à notre centre de recyclage habituel car les autres organismes sont couteux et ne proposent pas de solution qui conviennent à mon entreprise. Ils sont ensuite recyclés et transformés en divers produits du quotidien.

Je trouve cela très enrichissant de travailler dans ce genre d’entreprise où beaucoup de choses sont possibles, où la sécurité et la protection de l’environnement sont au centre des préoccupations.


GP – Tu es membre du groupe ‘Nettoie ton Km 33’. Peux-tu nous en dire quelques mots ?

Photo Marjorie Darricarrere-Perrier

MDP – C’est une page Facebook qui a été créée dans le but de rassembler les gens qui souhaitent mener des actions citoyennes de nettoyage des communes de la Gironde. Lorsque des sessions de ramassage sont organisées, les membres sont informé(e)s via cette page et ensuite, vient qui veut ! Egalement lorsqu’il s’agit d’actions organisées par les mairies, nous relayons l’information.

Ce groupe m’a permis de rencontrer des gens d’autres communes qui sont devenus des ami(e)s.

Via cette page, nous avons constaté que le mouvement prenait de l’ampleur à Bordeaux-même également. C’est une ville magnifique mais malheureusement de nombreux quartiers croulent sous les déchets sans que rien ne soit vraiment fait. Si vous voyiez l’état de la zone située autour de mon bureau… il vaut mieux fermer les yeux quand vous arrivez le matin !


GP – En quoi consiste concrètement une collecte ?

MDP – Nous diffusons l’information sur la page Nettoie ton Km 33 et sur nos propres profils avec le lieu et l’heure. Chacun vient avec ses gants, des sacs poubelle et c’est parti. Nous couvrons le maximum d’espace possible. A la fin de la journée, les déchets sont mis en commun puis triés et amenés à la déchetterie. Pour les endroits moins accessibles ou pour signaler des décharges sauvages avec des objets encombrants, il faut passer par des applications dédiées.

Pour le moment ces actions ont un impact local mais nous faisons avec les moyens du bord car aucun matériel ne nous est fourni. A Saint-Médard-en-Jalles, après chaque collecte, qu’elle soit organisée par la mairie ou par les habitants, des bennes sont mises à disposition et les déchets sont récoltés par les éboueurs le lendemain. Je suis évidemment consciente que les collectivités / les mairies ne peuvent pas tout faire, organiser des collectes revient cher mais je pense qu’il y aurait des solutions à trouver.


GP – Avez-vous déjà pris part à des évènements de plus grandes envergures ?

Photo Marjorie Darricarrere-Perrier

MDP – Nous participons à ce genre d’évènements dès que nous le pouvons. Tous les ans nous prenons part au World Clean Up Day et aux actions organisées par Surfrider. Nous allons régulièrement à l’océan et quand nous y sommes nous faisons aussi des ‘balades / collectes’. C’est comme ancré dans notre rythme de vie, partout où nous allons nous ramassons !

Et plus localement, les journées de nettoyage comme celle qui avait lieu le 27/11 à Parempuyre permettent d'avoir un impact plus fort, d’atteindre plus de monde et comme la mairie fournit le matériel, c’est plus pratique !


GP – Du fait de cette implication pour l’environnement, est-ce que tu es aussi regardante sur les produits que ta famille et toi utilisez à la maison ?

MDP – Malheureusement pas assez ! Nous sommes impliqués dans le nettoyage de la commune et nous trions nos déchets mais nous n’allons pas encore au bout de la démarche du zéro déchet. Entre nos emplois respectifs, les enfants, les activités des parents d’élèves, nous n’avons pas forcément le temps d’étudier la question. J’adorerais pouvoir créer mes propres produits, lessive etc. J’y pense, ça viendra sûrement !


GP – Quel constat tires-tu de tout cela au quotidien ?

MDP – Je pense que rien n’est gagné et que nous pourrions faire mieux !

Les rues, la gravière, la Plaine des Sports, le bois d’Arboudeau, les aires de jeu, les pistes cyclables et les fossés […], notre commune est le théâtre de scènes assez hallucinantes. J’arpente régulièrement tous ces endroits et il n’y pas une fois où je n’ai pas ramassé un déchet ! Je vois même parfois des gens les enjamber sans même y prêter attention.

Bon, pour leur défense il faut reconnaître que le nombre de poubelles est très insuffisant.

Alors je sais que les gens ne se promènent pas forcément avec des sacs poubelle mais je trouve que globalement il y a trop de je-m'en-foutisme. Beaucoup trop de gens savent, voient mais ne font rien !

Par contre, je ne dis pas que nous sommes les seuls ! J’ai eu l’occasion de visiter d’autres villes et de constater que la situation y est encore pire.

Et ne parlons pas de ces grands rassemblements internationaux qui traitent soi-disant des problèmes de l’écologie et de l’environnement… Quel constat en tirer ? Il est maigre ! Et il est bien là le problème. Nous avons beau agir de notre côté, mais si ces gens-là ne montrent pas la voie alors le message ne passera jamais.

Photo Marjorie Darricarrere-Perrier

GP – Quel est d’après toi le message à adresser à ceux qui pensent que rien n’est possible à leur échelle ?

DP – Qu’au contraire tout est possible ! C’est en pensant et surtout en disant que l’on ne peut rien faire que l’on s’enferme dans une idée fausse et que l’on ne fait rien justement. Alors oui en tant que citoyens lambda nous n’avons pas la notoriété ni les moyens suffisants pour tout faire, mais rien qu’en faisant un peu cela peut aider. Je ne veux pas donner de leçon, juste faire prendre conscience à ceux qui sont prêts à l’entendre qu’ils peuvent agir et changer les choses. Et si chacun fait sa part et essaie de convaincre d’autres personnes qu’ils peuvent faire leur part à leur petite échelle, et bien les choses pourront changer ! Il faut rester positif !


 

C’est sur ces notes positives que se termine cet entretien avec Marjorie ! Allez savoir pourquoi mais dès le lendemain en allant promener mon chien, et bien j’ai emmené un sac, des gants et j’ai fait ma petite collecte ! Si vous voulez également faire votre part, n’hésitez pas à suivre la page Nettoie ton Kilomètre 33 et tenez-vous informé(e) des actions en cours ou à venir. Avec un peu de volonté, on peut y arriver !


- par Emilie BROCARD


Quelque infos utiles :

- site du World Clean Up Day : https://www.worldcleanupday.fr

- site de la fondation Surfrider : https://surfrider.eu/


Quelques applications pour apporter votre contribution au tri et à la réduction des déchets :

- Zero Waste Objective (application conseil pour se rapprocher du zéro déchets)

- TrashOut (signalement des décharges sauvages)

- Hoali (localisation des poubelles les plus proches)


A noter :

Journées de nettoyage de la ville

Infos à suivre sur le site de la mairie et les réseaux sociaux dédiés


Distribution de composteurs

La commune de Parempuyre organise régulièrement des distributions gratuites de composteurs individuels fournis par Bordeaux Métropole. Ces distributions visent à inciter la population à adopter cette pratique écologique et améliorer ainsi son impact environnemental. La prochaine distribution est prévue pour avril 2022 (sous réserve)




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