top of page

Elle est russe, il est ukrainien : ils sont parempuyriens


La guerre en Ukraine nous choque tous ou presque. Les Parempuyriens se mobilisent pour la collecte que nous organisions ce jour au profit de l'association bordelaise Ukraine Amitié et de la Protection civile locale. Il s'agit de collecter du matériel médical pour pallier la gestion des civils et soldats blessés en Ukraine mais aussi des vêtements, du linge de maison, des jouets et des denrées non périssables pour les réfugiés aux frontières de l'Ukraine et ceux qui viendront bientôt en France.


J'ai pu rencontrer deux Parempuyriens, l'une est russe, l'autre est ukrainien. Ils sont tous deux contre cette guerre mais la vivent différemment. J'ai aussi pu parler à une Française qui propose d'héberger des réfugiés sur notre commune.

 

ELLE EST RUSSE

"Martha" est de Saint Pétersbourg. Martha n'est pas son vrai prénom, elle souhaite rester anonyme. Être russe n'est pas forcément populaire en ce moment et à l'ère numérique où tout est facilement amalgamé, elle a peur de représailles sur ses enfants. L'école de ces derniers est d'ailleurs à l'affût du moindre comportement déviant de la part de leurs camarades. "On ne sait pas ce qui est expliqué aux enfants." Son foyer à elle, il est plutôt international ; c'est une famille franco-russe et le couple s'est rencontré aux Etats-Unis. Elle tient à transmettre sa culture aux enfants et leur parle en russe pendant que papa leur inculque le français. Elle travaille dans l'événementiel et parle anglais couramment. "Je veux développer les échanges entre la Russie et la Gironde au travers d'excursions touristiques et culturelles. Il y a de quoi faire ici, entre le vin, l'océan etc."

Comme beaucoup de Russes, Martha est ouverte au monde, suit les réseaux sociaux et ne soutient pas le pouvoir russe en place. Pendant son enfance, Martha passait souvent ses vacances en Ukraine, de la même façon que les Français passent les leurs en Belgique ou en Suisse. Les deux pays sont proches dans la distance et dans le cœur.

Manifestation à Moscou le 24 février dernier (Wikipedia)

A l'annonce de l'invasion russe en Ukraine, c'est le choc. Comme "une famille qui se déchire" pour Martha. "Être russe est devenu embarrassant. Parler le russe au téléphone dans le bus m'attire quelques regards. J'ai eu quelques commentaires biaisés sur Facebook. Certes, dans certains pays c'est pire : une amie m'a dit qu'en Allemagne certains établissements ont mis une pancarte "non aux Russes". Je ne ressens pas de haine ici, mais quand on a des enfants, on fait attention et on ne veut pas attirer l'attention." Martha a tout de suite partagé des messages de soutien. Elle a également répondu présent pour faire don à la Gazette de vêtements, de livres pour enfants en russe (la seconde langue parlée en Ukraine).

"Je veux aider mais aussi montrer que les Russes ne sont pas tous pour cette guerre. Et les soutiens de Poutine sont totalement manipulés par les media."

Si Martha aidait les Ukrainiens ainsi depuis la Russie, elle risquerait la prison. Brandir une simple pancarte "non à la guerre" vous coûtera 15 jours de prison ferme. Manifester dans la rue peut être considéré comme un "acte extrémiste" ce qui vaut 8 à 15 ans de prison. Martha me dit qu'aider un Ukrainien depuis la Russie est passible de 15 ans de prison.

De quoi faire réfléchir les internautes qui comparent la France à une dictature.

 

IL EST UKRAINIEN

Je m’appelle Mykola Veremchuk , j’habite à Parempuyre. J’ai une famille, une femme et un fils, et cela fait déjà neuf ans que je réside en France.

Je suis d'abord resté chez des connaissances pour trouver un travail et avoir une vie stable. En Ukraine j’habitais à Novovolynsk.


En ce moment toute ma famille se trouve sur le territoire ukrainien. Leur région est encore calme, il n’y a pas de tirs ou de bombardements. Ils aident les réfugiés venus de l’ouest du pays.

J'aide moi-même une association à Bordeaux (Ukraine Amitié), il y a beaucoup de travail et il manque de bénévoles.


Je souhaite dire un grand merci aux Français qui donnent des médicaments et d’autres fournitures nécessaires aux Ukrainiens. En ce qui concerne les réfugiés, je connais beaucoup de personnes qui ne veulent pas trop s’éloigner de l’Ukraine. Ils veulent attendre la fin de la guerre et disent que Bordeaux se trouve trop loin. C’est pourquoi tous ceux à qui j’ai proposé de venir chercher, ont refusé. Nous avons quand même signalé à l’Ambassade ukrainienne qu’on peut accueillir des réfugiés.

Mykola et sa famille

J’aimerais ajouter que l’Europe et les autres pays doivent aider mon pays dans cette guerre ; il est impossible de regarder sans rien faire.

Poutine ne va pas s’arrêter, si l’armée ukrainienne ne l’arrête pas, il se sentira encore plus puissant et continuera son avancée en Europe vers les pays qui faisaient partie de l’URSS. Il faut fermer le ciel au dessus de l’Ukraine pour éviter les bombardements d’infrastructures, et éviter la mort des enfants et de leurs parents. Gloire à l’Ukraine ! Gloire aux héros !

 

ELLE EST FRANÇAISE

Alexa est aide soignante en EHPAD et maman de 3 enfants sur Parempuyre.

La Gazette (GP) : Quel est ton état d'esprit depuis le début de la guerre en Ukraine ?

Alexa (AD) : Je suis consternée et choquée de voir où mène la folie d'un homme. Et je suis tellement triste pour le peuple ukrainien qui subit ça. Voir ces familles qui se séparent, la maman et les enfants partent en laissant le papa sur le quai de la gare avec peut être un dernier au revoir, c'est injuste pour eux.


GP : Pourquoi penses-tu qu'on se sente aussi concerné ?

AD : Cette guerre nous concerne, bien-sûr, on ne peut pas être indifférent d'autant plus qu'on ne sait pas comment cela va évoluer par la suite...La folie est sans limite. Et au niveau économique, nous subissons aussi. Mais j'oserais dire que ce n'est rien comparé aux images de ces parents qui pleurent leur frère, leur fils de 16 ans mort dans le bombardement d'un lycée... pourquoi ce fou tirent sur les écoles, ce ne sont que des ENFANTS !


GP : Comment la France s'est elle organisée pour aider l'Ukraine ? En es-tu satisfaite ou faut-il faire plus/mieux ?

AD : Je pense que l'élan de solidarité est bien, que le peuple français s'est bien mobilisé notamment les communes et diverses associations. Faire mieux je ne pense pas, plus... l'avenir nous le dira.


GP : Comment as-tu aidé jusque là et que comptes-tu faire de plus?

AD : Comme tout le monde j'ai acheté des pansements, bandages, compresses, désinfectant, biscuits, café, savonnettes. Et je les apporterai dans des lieux de collectes (Lundi 7 mars à la maison des associations).


GP : Tu proposes d'héberger des réfugiés. Comment on discute et on décide d'un tel investissement en famille ?

AD : En effet j'ai contacté la mairie pour m'inscrire sur les listes pour accueillir des réfugiés en attente de relogement. Ce fut une concertation familiale mais la décision s'est prise tout seule sans grande discussion. C'était une évidence, il faut aider et ouvrir sa porte devient normal. Ces gens ont tout perdu. On ne peut pas rester indifférent. Je précise aussi que nous accueillerons les toutous s'ils en ont (pas de chats mon mari étant très allergique).


GP : Que penses-tu que ce séjour chez vous va apporter aux Ukrainiens ? Et à ta famille ?

AD : Beaucoup je pense, au niveau humain. D'un côté montrer à un peuple qu'on est là pour eux dans cette période de vie éprouvante. De l'autre, s'enrichir humainement dans un acte désintéressé. L'humanité n'a pas de frontière, de religion, de langue.


Merci à "Martha", Mykola et Alexa.

 

La mairie de Parempuyre recense "les propositions d'hébergement sur la commune. Envoyez à secretariat@parempuyre.fr vos possibilités d'hébergement suivant le modèle ci-dessous :"

Proposition d’accueil-hébergement de déplacés d’Ukraine en Gironde Nom-prénom du contact : Adresse : Adresse hébergement : Téléphone : Mail : Nombres de personnes pouvant être accueillies : Durée possible d'accueil :


- Propos recueillis par C.BL


bottom of page