La profession pharmaceutique en 2025 se trouve à un tournant décisif avec l’élargissement du droit de substitution entre médicaments biologiques et leurs biosimilaires. Cette évolution réglementaire, bien plus complexe que la simple substitution des génériques classiques, soulève une série d’enjeux profonds, tant juridiques que pratiques. L’extension du dispositif à neuf groupes biologiques similaires, contre seulement trois auparavant, transforme les habitudes des pharmaciens d’officine. Ce contexte invite à une compréhension fine des règles de substitution, du rôle croissant du pharmacien et des garanties essentielles pour assurer la sécurité du patient dans un paysage thérapeutique en pleine mutation.
En bref :
- Le droit de substitution étendu aux biosimilaires concerne désormais neuf groupes de médicaments biologiques.
- Le pharmacien doit respecter des conditions strictes, incluant information du patient et du prescripteur ainsi que traçabilité rigoureuse.
- La substitution ne concerne pas tous les médicaments biologiques, mais uniquement ceux inscrits sur une liste précise de l’ANSM.
- Les enjeux juridiques gravitent autour de la continuité des soins, la sécurité sanitaire et le pouvoir du pharmacien.
- Des dispositifs d’accompagnement au changement sont mis en place, notamment pour l’utilisation de dispositifs d’administration divers.
Le cadre réglementaire et les définitions essentielles du remplacement des médicaments biologiques en pharmacie
La substitution d’un médicament biologique par son biosimilaire est encadrée par une réglementation spécifique qui diffère notablement de celle applicable aux médicaments génériques. Les médicaments biologiques, issus de procédés biotechnologiques complexes à partir d’organismes vivants, nécessitent une définition rigoureuse à cause de leur nature et de leur mode de fabrication. Ils sont caractérisés par une substance active extraite ou produite par une source biologique, ce qui impose des méthodes analytiques combinées et une maîtrise fine du procédé de fabrication.
Les biosimilaires, bien que très proches des médicaments biologiques de référence, présentent de légères variations dues aux procédés de fabrication indépendants. Cette différence essentielle explique pourquoi ils ne sont pas considérés comme des génériques et pourquoi leur substitution est soumise à un cadre légal strict. Selon l’article L 5121-1 du Code de la santé publique, leur composition qualitative et quantitative doit être identique à celle du médicament de référence, et leur autorisation en Europe requiert que le brevet du médicament originel soit tombé dans le domaine public depuis au moins huit ans.
La liste des groupes biologiques similaires validée par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) comprend aujourd’hui 24 groupes, mais seule une partie restreinte de neuf groupes est autorisée à la substitution en pharmacie. Cette limitation répond à la nécessité de garantir la sécurité et la continuité des traitements selon des conditions précises. En effet, malgré des preuves avérées d’efficacité et de sécurité des biosimilaires, la nature délicate de ces produits impose un contrôle strict et des conditions d’échange rigoureuses entre pharmaciens, prescripteurs et patients.
Voici un tableau qui synthétise les définitions et caractéristiques principales :
| Aspect | Médicament biologique | Médicament biosimilaire |
|---|---|---|
| Source | Organismes vivants ou dérivés (proceed biotechnologique) | Idem que médicament biologique de référence |
| Composition | Substance active fixée et caractérisée rigoureusement | Qualitative et quantitative similaire au médicament de référence |
| Procédé de fabrication | Complexe et spécifique | Légèrement variable, mais avec démonstration de similarité |
| Statut juridique | Médicament original soumis à brevet | Médicament autorisé après expiration du brevet |
| Substitution | Soumise à conditions et réglementation spécifique | Autorisé dans 9 groupes biologiques sous conditions |
Pour plus de détails, il est possible de consulter les règles de dispensation et substitution des médicaments biologiques qui précisent les responsabilités et conditions à respecter pour un remplacement sûr et efficace.

Les enjeux juridiques autour du droit de substitution en pharmacie
Le droit de substitution d’un médicament biologique par son biosimilaire n’est pas qu’une simple affaire de disponibilité ou de coûts. Il s’agit d’une transformation profonde des responsabilités juridiques de la pharmacie d’officine. Ce droit vise à équilibrer plusieurs impératifs : le maintien de la sécurité du patient, le contrôle des dépenses de santé et le pouvoir décisionnel des pharmaciens dans le cadre d’une délégation médicale bien encadrée.
La réglementation, notamment l’article L. 5125-23-2 du Code de la santé publique, précise que cette substitution n’est accordée que si le prescripteur n’a pas expressément exclu cette possibilité. Cela inscrit un dialogue ouvert entre le médecin et le pharmacien, renforçant la coordination des soins. Le patient doit également être informé puisque sa confiance est un pilier essentiel de cette démarche.
En outre, la substitution ne peut pas entraîner de charges supplémentaires pour l’Assurance Maladie. Le pharmacien doit s’assurer de ne pas dépasser le coût du médicament biosimilaire le plus élevé du groupe concerné, un point crucial pour la maîtrise des dépenses et l’accessibilité aux traitements.
Au-delà des conditions générales, certains groupes comportent des exigences précises liées aux dispositifs d’administration, à l’accompagnement du patient lors du changement et à la traçabilité stricte du médicament délivré. Ce cadre juridique se révèle indispensable pour protéger la santé publique contre des dérives potentielles, tout en donnant au pharmacien un réel pouvoir d’action responsable dans le processus de soin.
- Condition d’information : obligation d’informer le patient lors de la substitution.
- Traçabilité : enregistrement du biosimilaire délivré, incluant numéro de lot.
- Continuité thérapeutique : maintien de la même spécialité biologique lors des renouvellements.
- Interdiction de substitution si le prescripteur l’a spécifié.
- Respect du coût : la substitution doit respecter le plafonnement des dépenses.
Un panorama détaillé des recours et responsabilités en pharmacie ainsi qu’une analyse enrichie des enjeux juridiques liés à la substitution des biosimilaires permettent d’appréhender les défis légaux actuels.
Le rôle stratégique et le pouvoir accru du pharmacien dans le processus de substitution
La substitution en pharmacie s’inscrit dans la montée en puissance du pharmacien comme acteur central des soins médicamenteux. L’élargissement du droit de substitution des médicaments biosimilaires renforce considérablement son autonomie, tout en lui imposant de nouvelles responsabilités. Le pharmacien n’est plus simplement un dispensateur, mais un véritable relais entre la prescription médicale et la délivrance adaptée au patient.
Dans la pratique, le pharmacien doit non seulement vérifier les conditions réglementaires mais également accompagner le patient dans la compréhension et l’acceptation du changement vers un biosimilaire. Cette démarche est d’autant plus cruciale lorsqu’il s’agit de dispositifs d’administration spécifiques, comme les stylos injecteurs pour le groupe adalimumab ou la stimulation ovarienne liée à la follitropine alfa.
Par exemple, lorsqu’un traitement est prescrit pour une durée prolongée, la substitution peut s’accompagner de la délivrance d’un conditionnement plus adéquat, optimisant la gestion du traitement. Le pharmacien joue alors un rôle pédagogique auprès du patient, l’aidant à maîtriser les nouveaux outils thérapeutiques.
Son pouvoir est ainsi étendu mais cadré, car il doit impérativement informer le prescripteur de la substitution réalisée, assurant une parfaite traçabilité et permettant un suivi thérapeutique cohérent. Ce lien tripartite entre médecin, pharmacien et patient est la clé d’une substitution réussie et sécurisée.
- Vérification des conditions de substitution en conformité avec la réglementation.
- Information active auprès du patient et du prescripteur.
- Accompagnement au changement avec explications sur les dispositifs d’administration.
- Délivrance adéquate (exemple : grand conditionnement pour traitements prolongés).
- Maintien de la traçabilité pour garantir le suivi médical et la sécurité.
Pour approfondir, consultez la mise au point de la Fédération des Syndicats Pharmaceutiques de France sur la concrétisation du pouvoir délégué au pharmacien dans ce domaine.

Impact sur la sécurité du patient et continuité des soins dans le remplacement en pharmacie
La sécurité sanitaire des patients est au cœur des débats liés au remplacement des médicaments biologiques par leurs biosimilaires. Si le cadre réglementaire vise à sécuriser au maximum ce processus, les défis liés à la complexité de ces médicaments exigent une vigilance constante.
Le pharmacien doit s’assurer que la substitution ne perturbe pas la stabilité thérapeutique, en particulier pour des pathologies chroniques ou des traitements sensibles. Des conditions spécifiques sont appliquées pour certains groupes, comme celui de l’adalimumab où le pharmacien ne doit pas substituer par un biosimilaire présentant un volume d’injection supérieur, afin d’éviter des risques d’erreur ou d’inconfort.
De plus, la traçabilité renforcée permet un suivi post-dispensation rigoureux, essentiel en cas de pharmacovigilance ou d’effets indésirables. Cette mesure protège le patient et renforce la confiance dans ce nouveau mode de dispensation. Par ailleurs, l’information claire donnée au patient et son implication dans le choix thérapeutique participent activement à la sécurité et à l’adhésion au traitement.
Un autre volet important concerne la gestion des dispositifs d’administration dont les différences peuvent affecter directement l’observance. Pour ce faire, des dispositifs factices sont mis à disposition par les laboratoires, et le pharmacien doit accompagner le patient pour maîtriser leur usage.
- Respect strict des conditions spécifiques du groupe biologique.
- Suivi rigoureux par traçabilité renforcée.
- Information et implication du patient favorisant l’adhésion au traitement.
- Accompagnement dans l’utilisation des dispositifs médicaux associés.
- Possibilité de retour au médicament initial si nécessaire.
Les débats sur la sécurité et les pratiques actuelles sont éclairés par les analyses de l’Association Française des Aphasiques et Aphasiques qui insiste sur la nécessité d’un équilibre entre modernisation des pratiques et sécurité du patient.
Pratiques actuelles et perspectives d’évolution du décret substitution en pharmacie
Depuis la publication du décret substitutif en février 2025, la pratique de substitution des médicaments biosimilaires s’est considérablement développée en pharmacie. Cette transition marque une avancée notable, avec une multiplication par trois des groupes visés pour la substitution. Toutefois, les pharmaciens témoignent encore de disparités dans l’application des règles et dans l’appréhension du pouvoir accru qui leur est conféré.
Des enquêtes récentes révèlent que malgré une adhésion globale au principe, des résistances persistent, notamment liées à la complexité des conditions de substitution et à la nécessité d’une information renforcée des patients et prescripteurs. Ces freins sont autant d’enjeux pour l’organisation pharmaceutique, mais aussi pour l’assurance maladie qui voit dans la substitution un levier de réduction des coûts de santé.
Le futur proche envisage un affinement des conditions, une extension possible du droit à d’autres groupes biologiques et un renforcement des outils de formation et de communication pour les professionnels de santé. Ces évolutions seront cruciales pour pérenniser un système qui conjugue maîtrise des dépenses, gain d’autonomie du pharmacien et sécurité des patients.
| Éléments du décret substitution | Situation en début 2025 | État actuel | Perspectives d’évolution |
|---|---|---|---|
| Groupes biologiques substituables | 3 groupes | 9 groupes | Possibilité d’extension à d’autres groupes |
| Conditions d’information | Règles strictes en place | Maintien et adaptation continue | Formation renforcée des pharmaciens |
| Pouvoir du pharmacien | Responsabilité limitée | Autonomie et nouvelles obligations | Consolidation de l’autonomie avec cadre protégeant le patient |
| Suivi et traçabilité | Traçabilité basique | Traçabilité renforcée et systématique | Outils technologiques améliorés |
Des informations complémentaires sont disponibles sur la liste élargie des groupes de biosimilaires substituables à l’officine, un document clé pour comprendre les changements récents.

Comparaison entre médicaments biologiques de référence et biosimilaires
| Critères | Médicament biologique ▼ | Biosimilaire ▼ |
|---|
Qu’est-ce qu’un médicament biosimilaire ?
Un médicament biosimilaire est un médicament biologique similaire à un médicament biologique de référence, autorisé après expiration du brevet, avec une composition qualitative et quantitative similaire mais présentant de légères variations liées au procédé de fabrication.
Quelles sont les conditions pour que le pharmacien puisse substituer un médicament biologique par un biosimilaire ?
Le pharmacien doit s’assurer que le médicament biosimilaire appartient au même groupe biologique similaire que le médicament prescrit, que le prescripteur n’a pas exclu la substitution, que la substitution n’augmente pas la dépense pour l’assurance maladie, et informer le patient ainsi que le prescripteur.
Le pharmacien peut-il substituer tous les médicaments biologiques ?
Non, la substitution est limitée aux médicaments figurant sur une liste établie par l’ANSM regroupant neuf groupes biologiques similaires substituables, conformément à l’arrêté du 20 février 2025.
Quels sont les principaux enjeux juridiques liés à la substitution des biosimilaires ?
Les enjeux concernent la sécurité du patient, la continuité des traitements, le respect des prescriptions médicales, ainsi que la responsabilité et le pouvoir du pharmacien dans le cadre réglementaire du droit de substitution.
Comment le pharmacien accompagne-t-il le patient dans le remplacement par un biosimilaire ?
Il informe le patient des spécificités du biosimilaire, l’aide à comprendre le fonctionnement des dispositifs d’administration, assure un suivi rigoureux et participe à la continuité thérapeutique en lien avec le prescripteur.
