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L'univers manga et pop-culture de Mana Tattoo

Vous avez peut-être déjà admiré ses illustrations manga et Harry Potter en "scrollant" sur les réseaux ; mais saviez-vous que depuis un an, Mana a un nouveau "support" pour partager ses œuvres ?

La peau !

Elle vous accueille dans son salon privé situé entre le Médoc et Bordeaux Métropole pour encrer vos envies et vos hommages, en toute intimité. Portrait.



Quand as-tu décidé de devenir tatoueuse ?

Dès le collège, je dessinais énormément ; la passion pour le dessin sur la peau a rapidement suivi. J’ai très vite pris conscience, en voyant notamment le tatouage raté d’une personne de mon entourage, que cet art passait d’abord par une maîtrise professionnelle du dessin.

Il n’était donc pas concevable pour moi de me lancer dans cette profession sans avoir une base solide dans ce domaine. Après avoir obtenu un CAP Dessinateur d’exécution en communication graphique et un Bac en Communication graphique, j’ai fait des études supérieures dans l’illustration.


"Pour certaines femmes, l’idée de dénuder sa peau devant un tatoueur homme peut être source d’appréhension ou d’inconfort." Mana

Comme il n’existe pas de formation spécifique pour maîtriser la technique du tatouage, j’ai cherché un apprentissage auprès de tous les tatoueurs de Bordeaux. En vain. Le milieu du tatouage est extrêmement fermé. J'étais découragée et j'ai attendu dix ans pour avoir le courage de me relancer dans cette aventure.

J’ai suivi une formation hygiène et salubrité et me suis formée auprès d'amis tatoueurs, mais le principal entraînement fut seule chez moi pendant presque deux ans.


J'ai depuis ouvert mon auto-entreprise. J'ai fait appel à une entreprise de récupération des déchets contaminés et obtenu une déclaration auprès de l’ARS (Agence Régionale de Santé) qui devait au préalable valider le local et vérifier que l’on a bien fait la formation hygiène et salubrité.


Le fait que tu sois une femme a-t-il un impact sur ta clientèle ?

L’augmentation du nombre de femmes tatoueuses a permis de libérer l’accès au tatouage à de nombreuses femmes. Il est vrai que pour certaines d'entre elles, l’idée de dénuder sa peau devant un tatoueur homme peut être source d’appréhension ou d’inconfort. De même, les standards de dessins proposés par beaucoup de tatoueurs masculins ne correspondent pas toujours à l’univers poétique et plus léger souvent recherché par les femmes.


Ma clientèle est principalement composée de femmes de 40 à 60 ans. Cela montre que les mentalités ont évolué et que les femmes se sentent de plus en plus à l'aise pour franchir le pas, même si elles ont grandi dans une société où le tatouage féminin était mal vu.

Le fait que je sois une femme et que mon salon soit situé dans une pièce dédiée chez moi me permet de leur proposer un environnement accueillant, rassurant et plus propice aux confidences ; surtout pour celles qui se font tatouer pour la première fois.

 
 

​Le client du jour, Jérémy, confirme : "j'ai fait mon premier tatouage à l'âge de 18 ans. Je voulais une moto mais la tatoueuse à l'époque refusait de me montrer le dessin avant ("je fais toujours à main levée - directement à l'aiguille. C'est comme ça."). A un moment donné j'avais mal et le lui ai dit. Elle m'a dit d'arrêter de "faire ma chochotte". Mana respecte le client, demande régulièrement si tout va bien et ne me tatoue pas sans que je valide le dessin final."

Le tatoueur a un devoir de conseil. La plupart du temps, les personnes viennent me voir avec une idée de tatouage. Mais je ne suis pas qu’une exécutante. Mon rôle est également de les conseiller, ou plutôt de leur déconseiller certains endroits du corps pour des raisons de santé et/ou d’esthétique.

Il est, en effet, primordial de prendre en compte la qualité de la peau, son épaisseur pour déterminer si un endroit est adapté ou non pour y faire un tatouage.


Par exemple, les mains ou les pieds sont une zone ou la peau est très fine et très sollicitée, ce qui rend difficile la réalisation d’un tatouage durable et de qualité. De même, certaines parties du corps, comme les doigts, peuvent être très exposées aux infections et aux blessures ; je suis d’ailleurs très attentive au métier que la personne exerce et je refuserai de tatouer les doigts quand, dans l’exercice de ce métier, elle est souvent au contact de l’eau ou de la poussière.


Il peut aussi m’arriver de mettre en garde sur un tatouage réalisé sur le dos car certaines personnes peuvent regretter, au final, de ne pas pouvoir en profiter ! Enfin, je déconseille de se faire tatouer trop jeune (même s’il est possible pour un mineur de plus de 16 ans de se faire tatouer dès lors qu’il a une autorisation écrite de ses parents) car la peau n’a pas encore fini de "vieillir". On est très loin, même à 18 ans, d’avoir un physique qui ne bouge plus.


Quels styles proposes-tu ?

Dans mon travail d'illustratrice je fais beaucoup de manga et du Disney, c'est ce que j'ai appris à faire et c'est ce que j'aime faire. J'ai donc tendance à vouloir en tatouer mais pour l'instant ma clientèle me demande beaucoup de prénoms. Si des lecteurs de la Gazette souhaitent avoir un travail plus illustratif et axé sur la pop culture, n'hésitez pas !



Tu tatoues tes propres dessins ?

Oui. Je ne suis pas juste une reproductrice, je suis aussi une créatrice. Le gros kiff, c’est quand un de mes clients choisit de se faire tatouer l’une de mes créations. Voir mon dessin "prendre vie" sur sa peau me procure une immense fierté. Savoir que mon art a touché une personne au point qu'elle souhaite le porter sur sa peau pour le reste de sa vie comble l’artiste que je suis !

On peut d’ailleurs retrouver mes dessins sur Instagram et Facebook, en attendant que mon propre site soit opérationnel.

Un tatouage représente un certain budget, non ? Le prix d’un tatouage peut varier en fonction de la taille, de la complexité et de l'emplacement de celui-ci. L’expérience et la notoriété du tatoueur peut aussi avoir un impact.


A ceux qui trouvent que se faire tatouer est cher, j’aimerais rappeler qu’un tatouage est fait pour durer toute la vie. Contrairement, par exemple, à une pose d’ongles ou une coloration chez le coiffeur qu’il va falloir refaire encore et encore, en payant à chaque fois.


Le tarif d'un tatouage ne reflète pas seulement le temps passé à le réaliser. Il englobe également le coût du matériel utilisé par le tatoueur (aiguilles à usage unique, encres, gants, etc.), les charges qu’il reverse en tant qu'entrepreneur (minimum 21,2 % prélevés sur son chiffre d’affaires), sans oublier le temps passé à concevoir le dessin, à discuter avec le client (avant et après le tatouage), etc.


Il ne faut pas non plus oublier que la retouche (environ un mois après) est incluse. En fait, le prix ne devrait pas être un critère pour choisir un tatoueur. La qualité de son travail et les conditions dans lesquelles il le réalise sont primordiales. Prenez également le temps de bien étudier son portfolio, c'est-à-dire son book de tatouages, afin de voir si son style vous convient.


Où se trouve le salon ?

Je tatoue dans divers lieux : le local à mon domicile, à 15 minutes au nord de Bordeaux (local déclaré bien entendu) mais aussi à Eysines, dans le centre de beauté En corps plus belle, quelques jours par semaine.

C'est intéressant de travailler dans différents lieux, avoir une clientèle variée ainsi que des collègues multiples !


Propos recueillis par Isabelle Lucas gallay

Photos (c)C.BL/LGM 2023


Mana Tattoo/illustration

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