Havre de paix aux abords de notre ville, protégés par un bois, les Jardins de Lauga vivent des jours paisibles grâce aux bénévoles passionnés et fidèles qui en prennent soin. L'un d'eux, Pierre Pervieux, au rendez-vous depuis le début et Trésorier de l'association nous accueille malgré la pluie.
Le chemin menant aux jardins plante le décor : ne cherchez pas de chalet luxueux, de café bio ni de boutique de souvenirs ici. Vous trouverez par contre de petits cabanons peints surveillant leurs parcelles respectives, des bidons d'eau qui attendent l'arrivée des arroseurs se partageant les parcelles, et un abri avec le minimum vital pour passer de bons moments l'été : tables, chaises, barbecue en pierre. Deux puits complètent la scène, avant que Pierre me dévoile le clou du spectacle : en retrait, une petite ruche lui appartenant. De quoi adoucir les fins de repas entre bénévoles autour d'une belle entrecôte et d'un petit vin local ! "Cela fait bien longtemps qu'on n'a pas pu faire de festin", commence Pierre, nostalgique de l'ère pré-COVID.
Terre maraichère
Lauga vient du gascon Augar qui signifie "terrain marécageux" (source : Parempuyre sa Mémoire).
La famille Duprat possédait le terrain qui servait pour la culture agricole. Leur petite fille devenue veuve à la fin des années 1990 confia les terres délaissées à la mairie de Parempuyre pour que cette dernière la mette "à disposition des nécessiteux". Par manque de ces derniers dans le coin (et tant mieux !), il fallut attendre le nouveau millénaire pour que l'idée surgisse, grâce à une certaine Mme Seillade. Sensible à l'environnement, celle-ci suggéra la division des terres en parcelles individuelles qu'une association (créée pour la gestion) prêterait aux habitants contre une participation financière. L'association Les Jardins de Lauga voit le jour en 2001 et est toujours présente, avec M. Da Fonseca comme président actuel. Quant au tout premier président de l'association qui propose ces jardins partagés, un concept encore peu connu en France, habituée aux jardins familiaux mais non communautaires, ce fut l'époux de l'instigatrice, M. Seillade !
Le jardin partagé
Le jardin familial (ou ouvrier) se développe dans l'hexagone au XXème avec les cités ouvrières fleurissantes. Il est géré par la commune qui alloue les parcelles elle-même, en général sur critère de ressources. L'objectif est déjà social : créer du lien pour cette population au faible revenu et qui travaille en décalé (les 3x8 notamment). Puis, comme tout phénomène en France, certains se regroupent et demandent plus, ou mieux : l'auto-gestion et la flexibilité d'accès aux jardins. Le Jardin communautaire est alors adopté comme appellation officielle en 1994. Les jardins communautaires sont généralement gérés par une association ou un collectif d'usagers.
Avec les logements collectifs qui poussent sur la commune, un tel système s'avère utile. Nos jeunes sont de plus en plus engagés pour la planète (ils forment la majorité des groupes de ramassage citoyen de déchets) et les faire participer à la culture de fruits et légumes, dans un environnement calme et qui respecte la biodiversité au maximum, ne peut que promettre des jours meilleurs pour notre environnement dans le futur.
Effet de mode ou mode de vie ?
"Les Jardins n'ont pas de labélisation bio, explique Pierre, mais nous nous efforçons de traiter les plantes de façon naturelle ou non toxique, et de conseiller aux jardiniers d'en faire autant." En effet, planter des tomates, les arroser une fois de temps en temps et penser que de grosses grappes bio pousseront, par magie, est utopiste. La jardinerie est un art qui se mérite, par le travail. Que ce soit un jardin privé ou partagé, le jardinier doit s'occuper de son potager tous les jours pendant la pousse et traiter celui-ci si besoin. "Avec l'expérience on apprend à connaître les principaux nuisibles, anticiper leur venue et utiliser les bons produits. Les bénévoles sont là pour conseiller les jardiniers. Il y a un effet de mode d'avoir un potager depuis quelques années et entre l'envie de manger ses propres denrées, et le travail à fournir, il y a parfois une marge. Il ne faut pas oublier que les bénévoles sont là pour conseiller et s'occuper des parties communes, remplir les bidons d'eau etc. mais pas pour faire le travail dans les parcelles individuelles !".
Pierre a raison, et ce phénomène se retrouve dans tout le milieu associatif : le bénévolat est de l'aide altruiste sur son temps personnel ; il ne s'agit pas d'assouvir chaque demande et envie parce que l'assistance est "gratuite" !
Pierre continue : "il y a aussi certaines personnes qui confondent le jardin partagé avec la cueillette libre ! Chaque parcelle est allouée à l'année à un usager ; celle-ci lui appartient (nous conseillons de clôturer les parcelles) et donc les fruits de son travail également ! On a de la chance il n'y a pas trop de vol en général."
La COVID
La pandémie n'a pas épargné les Jardins de Lauga. Toutes les activités festives ont été interrompues alors qu'elles contribuaient au vivre ensemble de la commune et au dynamisme de l'association. Marché de producteur, méchoui, pétanque, dégustation de miel, etc... Les jardins étaient un lieu de rendez-vous convivial l'été. "Participer de nouveau à des événements serait agréable, mais la logistique est compliquée pour nous, nous sommes peu de bénévoles", regrette Pierre.
J'introduis l'idée que plusieurs associations, dont la Gazette bien sûr, pourraient participer à de tels événements et pourquoi pas utiliser les Jardins comme base de rendez-vous. Il est vrai que les 2 dernières années ont changé les habitudes de chacun, et participer à la vie commune est plus difficile.
Archives Jardins de Lauga 2016
Les Jardins Accessibles
Pierre me fait découvrir une parcelle toute particulière et qui mérite d'être mise en avant ! Un ancien président, Michel Bornazeau eut l'idée de créer une parcelle 100% accessible aux personnes à mobilité réduite. Le sol est revêtu pour éviter les embourbements de roues des fauteuils, il y a des WC adaptés (une fausse sceptique a été mise en place) et des tables afin de pouvoir faire ses semis etc. sans se baisser. Rares sont ces efforts d'intégration et l'association mérite notre remerciement et respect pour ce geste. Il est donc possible pour une personne en situation de handicap de jouir d'un jardin partagé elle aussi !
Disponibilités à ce jour
"Il nous reste 3 parcelles disponibles, 2 de 100m² et 1 d'environ 70m². Niveau tarification, nous demandons un droit d'entrée ainsi que la "location" de la parcelle qui pour un an et selon sa surface varie entre 35 et 100€", indique Pierre.
Une parcelle sera également réaménagée au profit de l'association afin d'avoir un local pour travailler et se rencontrer, notamment en hiver. Le sol sera exploité bien entendu afin de cultiver des légumes qui serviront pour les soupes solidaires etc.
Merci Pierre pour cette visite qui malgré la pluie et la boue me donna le sourire toute la journée. Une belle rencontre humaine et moderne. Bravo à l'association et ses bénévoles.
- par C.BL
Jardins de Lauga