J’ai rencontré Sandrine Olivier lors du café des langues qui a lieu chaque mois aux Colonnes de Blanquefort. Elle y anime gratuitement, avec la complicité de Caroline, sourde de naissance, un atelier de langue des signes française. Brune pétillante et passionnée, Sandrine est retournée sur les bancs de l’école afin de suivre une formation approfondie de la LSF à l’Institut national des jeunes sourds (INJS) de
Bordeaux.
Bonjour Sandrine, comment t'es-tu orientée vers la langue des signes ?
Il y a quatre ans, j’ai participé à un atelier Bébé signes organisé par mon RAM (relais d’assistantes maternelles). Ce fut une véritable révélation : je suis tombée en amour fou de la langue des signes. C’est une langue fascinante qui oblige les interlocuteurs à se regarder, à faire attention à l’autre. C’est aussi une langue directe qui ne s’encombre pas de fioritures verbales et va à l’essentiel. Suite à cet atelier, j’ai fait des recherches afin de me perfectionner et pratiquer cette langue.
Tout en continuant à exercer mon métier d’assistante maternelle, j’ai suivi, sur mes congés, une formation BBFMS pour devenir animatrice d’ateliers Bébé-Signeur. C’était une première étape logique dont j’ai tout de suite pu constater les retombées positives pour les enfants que je gardais : pouvoir faire comprendre son état émotionnel ou ce dont il a besoin, par le biais de signes, permet à l’enfant de ne plus se sentir frustré et, en conséquence, éviter cris et pleurs.
J’ai animé des ateliers pour parents et enfants dans des médiathèques, ludothèques, crèches, RAM, associations, etc.
2023, l’année du changement !
Effectivement, je ne voulais pas juste me contenter de quelques signes pour communiquer avec les enfants que je gardais ou permettre aux adultes, parents ou professionnels, de mieux comprendre les enfants en bas âge qui n’ont pas encore acquis le langage oral.
Je voulais véritablement apprendre la langue des signes, avec ses règles grammaticales complexes ; et comprendre également ce monde qui possède sa propre culture, sa propre histoire. Mais suivre une formation par-ci par-là, de manière décousue, pendant mes congés était très frustrant pour moi.
En juillet 2022, j’ai donc décidé de sauter le pas et d’arrêter, après concertation avec les parents dont je
gardais les enfants, mon travail d’assistante maternelle afin de me consacrer totalement à la formation dispensée à l’Institut national des jeunes sourds de Bordeaux. Dans seize semaines, j’aurai terminé ma formation LSF.
Parallèlement, je suis également une formation pour devenir formatrice en Bébé-Signeur (qui se terminera en avril 2023) afin de former des professionnels de la petite enfance (assistantes maternelles, personnel de crèches, maîtresses d’école maternelle, etc.).
Parle-moi de "Signons pour s’entendre" !
J’ai créé mon entreprise Signons pour s’entendre. Elle se déclinera autour de deux pôles :
animation et formation d’ateliers Bébés-Signeurs. C’est destiné à apprendre les rudiments de la LSF non seulement aux parents désireux de communiquer avec leur bébé, mais également aux personnes qui ont un handicap gênant voire empêchant la communication orale ; voire les personnes âgées ou les victimes d’un AVC (accident vasculaire cérébral) ayant un souci d’oralisation.
accompagnement en communication afin d’aider les personnes sourdes et malentendantes, souvent trop isolées dans leurs démarches entre autres ; devenir, en quelque sorte, leur voix et leurs oreilles, mais pas seulement. Mon rêve est d’initier les entendants à cette langue afin de permettre à ces deux mondes, évoluant trop souvent en parallèle, de cohabiter ensemble et, ainsi, s’enrichir mutuellement.
Prochains ateliers langue des signes aux colonnes de Blanquefort : Samedi 25 février Samedi 25 mars Samedi 29 avril Samedi 17 juin |
Signons pour s'entendre animera une initiation en partenariat avec La Gazette Médopolitaine dans les semaines à venir. Les infos seront communiquées sur notre groupe Facebook, notre newsletter de mars et le calendrier de notre site internet.
L'actu de Sandrine sur Facebook
Propos recueillis par Isabelle Lucas-Gallay
Photo de couverture archives (c)CH/LGM 2022